Pour l’instant,
l’étape n°2 - celle qui consiste à téter la… tétine pour en faire sortir le
liquide lacté - n’est pas franchie. Au mieux Noé considère-t-il celle-ci comme
un vulgaire chewing-gum qu’il mâchonne négligemment avec des gencives encore
vierges de toute protubérance à base d’émail.
Pour ce qui est
de serrer le biberon entre ses doigts potelés (c’est-à-dire le tenir avec
l’envie de faire un effort), cela reste dans le domaine de son possible, mais
pas plus de quelques secondes, et uniquement quand le récipient est vide (eh
oui, c’est moins lourd !).
Mieux encore :
lorsqu’on le force à prendre celui-ci, il dégage avec une agilité
exceptionnelle ses mains pour coller les bras le long de son corps.
Bref, ces
quelques détails anodins me laissent penser que Noé est, pour l’heure, un poil
feignasse dès lors qu’il perçoit nettement que le moindre effort peut être
économisé en étant transféré vers le papa et la maman tout proches.
Alors, je
planterai mon regard myope dans celui de Noé, poserai une main virile sur son
épaule, maintenant par la même occasion son sac sur sa frêle clavicule. Et, tel
Clovis à propos du vase de Soissons, lui sortirai froidement ces paroles
teintées d’une jubilation aussi intériorisée que vengeresse : « Non, garde ce sac que je ne saurai
voir… et souviens-toi de tes biberons ! »
Sûr, il ne
pigera rien à ces paroles, mais peu importe. De toute manière, tôt ou tard,
adolescence et révolution hormonale obligent, il ne me comprendra pas… alors,
mieux vaut prendre les devants non ?
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