L’esprit de Noé réintègre brusquement l’enveloppe charnelle du moustique (encore) à la chevelure de skinhead. Au passage, il a du souffler dans l’oreille de son propriétaire un truc du genre « Maintenant Noé, c’est bon, tu me plantes le bordel ! ».
Ni une ni deux, le ruisseau devient
torrent. Allongé sur la table à langer, Noé entame son quart d’heure idiot. Il
remue avec l’agilité et la sérénité d’un roseau secoué par une forte
tramontane, tâche de saisir ce qui se trouve hors de portée de paluche, dont ce
flacon de parfum qui le nargue, derrière lui.
Un tour de rein et l’objectif est
atteint. Life is beautiful. Emprisonné dans une poigne de fer toute juvénile,
le flacon est goulûment happé pour faire office de biberon improvisé.
Et le père ? (ne l’oublions pas, il
joue encore un rôle essentiel à ce stade de l’histoire). Il est en train de
sauvegarder un pan d’autorité en poursuivant une mission impossible :
habiller en restant zen la pile humaine.
Mais pour la cool attitude, on
repassera. Les nerfs du géniteur virent au rouge et des idées noires traversent
son esprit dégrisé. Il se met à cogiter quelques solutions pour mater la bête.
Solution n° 1 : lui tordre les
pattes arrière et les ligaturer avec un lacet de chaussures. Trop risqué (les
os sont encore tout fragiles) ;
Solution n°2 : passer sur eBay
(eBébé ?) une annonce du style : A vendre poupon, 6 mois, bonne
bouille, sourire impeccable, très vif d’esprit et de corps, cordes vocales à la
puissance éprouvée. Contrôle technique (visites médicales mensuelles) OK. Prix
à débattre.
Et puis, on se reprend en se
disant : s’il n’était pas là, supporterions-nous un lever calme et
silencieux ?...
bravo pour votre ecriture marante je prend un plaisir a vous lire se petit noe si gracieux un gros bisous a se petit ange
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